Azul Andrea
Somos montes de cristal
Azul Andrea passe son enfance entre l’Argentine, la Hollande et la France. Ces pays, opposés géographiquement, aux Histoires marquées, constituent sa cartographie intime qu’elle n’hésite pas à développer aux Beaux-Arts de Paris où elle obtient son diplôme en 2015. Non attachée à une pratique artistique unique, sa pensée s’exprime dans l’espace par différents médiums : dessin, sculpture, photographie, vidéo, installation. L’artiste construit sa trajectoire et érige, en guise de philosophie, la beauté des choses les plus simples. Ainsi, tout est matière à recréer le vivant, à lui donner une nouvelle forme pour le rendre poétique et surprenant, tels ces cristaux d’œufs appelés à devenir montagne.
L’outil premier est son propre corps et le geste acquiert alors une importance particulière : presser sur le papier une paume de main encrée pour recomposer un territoire personnel (Paumes, encre noire sur papier), laisser tomber patiemment une goutte d’eau colorée (Lagrimas, gouache sur papier), briser des centaines de coquilles d’œufs... Cette implication du corps demeure partie intégrante de l’œuvre et se rejoue à chaque regard posé sur elle.
Le temps s’impose également comme matériau inhérent au travail d’Azul Andrea. Il s’agit de celui nécessaire à la réflexion, à la création mais aussi de celui induit par la contemplation de l’œuvre. Si la présence de sabliers l’évoque sans détour, la forme circulaire fréquemment utilisée n’évoque-t-elle pas l’infini ? Les cercles d’eau colorée, miroir de l’âme et des émotions, nous aspirent et nous happent. L’installation à l’encre de seiche, réaction de défense de l’animal ici capturé, et les collages de couvertures de survie, son versant positif, aux reflets imparfaits et changeants, instaurent leur temporalité immobile.
Les éléments convoqués par Azul Andrea semblent s’ordonner et réinsuffler du sens dans le tohu-bohu de notre monde. Ils y ajoutent une dose d’apaisement, une pause qui pourrait s’avérer salvatrice.