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Sifat 
Lekha, du signe à la ligne

Une ancienne tradition du Bangladesh conduit les petites filles à dessiner à même le sol, et du bout des doigts, des motifs qu’elles inventent spontanément. Ces décorations rituelles appelées alpona relèvent de l’art populaire indien et bengali et font partie des différentes sources d’inspiration de l’artiste Sifat, née à Dacca en 1987 et qui vit désormais près de Paris. C’est en référence à sa culture que le mot Lekha, qui signifie écrire, a été choisi pour accompagner l’exposition personnelle de Sifat à la Maison des Arts de Châtillon. Ce mot prononcé ouvre vers une dimension spirituelle, celle de la calligraphie indienne (Sulekha : bien écrire) mais pas uniquement. 

Tracer des signes, des pictogrammes, des lettres… est un geste que l’on retrouve à travers l’humanité depuis 5000 ans. Ce besoin, ce désir de rendre visible la chose ou l’idée et de les transmettre prend de multiples formes qui fascinent Sifat. Des divers apprentissages réalisés à son arrivée en France, celui de l’écriture reste l’un des plus marquants. Alphabets français et bengales appris de manière concomitante fournissent un maelstrom de moyens qui sont autant de possibilités de mots que de dessins. 

Il n’est pas surprenant que la découverte du graffiti à l’adolescence soit une étape essentielle dans la maturation de sa personnalité artistique. Les tags, les graffs la saisissent immédiatement par leur variété et leur expressivité. Le geste appliqué, contraint, qu’il lui a fallu apprendre pour écrire le bangla resurgit alors de manière plus affranchie. 

Le milieu du graffiti l’encourage à s’affirmer, à retranscrire son identité multiculturelle, sa signature. 

Sifat mène également une pratique en atelier, lieu d’expérimentation et de réflexion, qui lui fournit l’occasion de travailler à plus petite échelle, sur différents supports et avec différents outils, chacun ayant ses qualités et ses contraintes. Elle semble vouloir tout essayer et aime osciller d’un système d’écriture à un autre. Elle invente ainsi des signes noirs s’approchant de pictogrammes qu’elle organise en strate sur l’espace de la toile ou du papier. On peut deviner des formes animales ou végétales schématisées composant un alphabet personnel et pourtant lisible par tous. 
Sifat crée une connivence ludique avec le regardeur qui, tout en déchiffrant les codes, s’invente une histoire. Lorsque le trait s’allonge, les signes se délient pour des compositions plus souples laissant la place au vide. 
Les lignes prennent le pas, apportent leur mouvement, leur rythme, et nous entraînent par une danse légère vers un paysage foisonnant. 
Depuis quelques années, l’artiste intègre la couleur à ses œuvres, allant parfois jusqu’à recouvrir la ligne et créer un espace vibrant : un hymne à la vie. 

Une fresque de Sifat prendra place prochainement sur les 200m2 de façade du nouveau cinéma de Châtillon. Rompue à l’exercice de la peinture XXL, l’artiste revendique une création joyeuse qui invite au voyage, et imprime ainsi son langage universel dans le paysage urbain.

 

Exposition

Du 18 septembre
au 12 décembre 2021 

À découvrir de 14h à 18h,
tous les jours sauf le lundi

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