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Angèle Riguidel
Déchets Sauvages est une installation qui, comme un jeu de construction pour enfant ou une maquette, voit ses éléments être mis en scène selon l’espace donné et l’environnement désiré. Les composants sont à échelle humaine ce qui permet une expérience immersive dans une jungle, une forêt, un milieu aquatique, bref : un environnement d’apparence naturelle mais dont les couleurs et le foisonnement laissent soupçonner une anomalie. Et pour cause ! La végétation et ses habitants non-humains sont tous faits de déchets en plastique, assemblés et déformés pour composer un jardin botanique et un bestiaire extraordinaire. Les plantes grimpantes fleuries par des pots de yaourt déformés côtoient les arbustes sauvages faits de tuyaux et de bâches détissées, les feuillages en filets agricoles, les herbes folles en gaînes de câbles ou en bouteilles plastiques. Chaque élément de l’installation s’inspire d’une étude minutieuse de la flore réelle, et la biodiversité est célébrée par les rebuts plastiques toujours reconnaissables.
Toutes les matières ont été récupérées, ce sont principalement des emballages de nourriture, des packagings voués à être brûlés ou enterrés s'ils ne sont pas recyclés. Et parmi eux, on retrouve surtout des plastiques : bouteilles, pots de desserts, câbles démontés, gaînes, tuyaux, filets de fruits et légumes etc.
Leur transformation est opérée avec l’utilisation d’un minimum d’énergie, sans apport de matière – par assemblage – et les « déchets des déchets » sont transformés eux aussi, venant compléter d'autres formes sculpturales.
Angèle Riguidel fabrique cette installation protéiforme, évolutive et toujours in situ depuis 2021. Son travail plastique repose depuis le début de sa pratique sur l’utilisation des déchets. Avec l’installation « La Soixantième Île » imaginée et créée lors d’une résidence en Bretagne, elle travaille sur les animaux et les végétaux faits à partir de déchets (emballages alimentaires, objets trouvés aux encombrants). Un inventaire se construit depuis lors, de nouvelles espèces végétales viennent s’ajouter à sa collection sculpturale. Après chaque installation, les éléments créés à chaque occasion sont gardés, triés, et réutilisés pour les œuvres à venir, côtoyant les nouvelles créations spécialement imaginées pour la suite de ce projet évolutif. Ainsi, l’œuvre a pris une nouvelle forme exclusivement végétale in situ à Brionne (Normandie) pendant l’été 2023, après une exposition dédiée à l’immersion végétale et aquatique au salon MAC Paris en mai 2023. Une version plus petite mais tout aussi foisonnante a été également exposée pendant la Milan Design Week 2023 à l’occasion du RoPlastic Prize où « Wild Waste » est finaliste, avant d’être présentée à l’espace d’art Chaillioux (Fresnes) entourée d’animaux. Pendant la résidence artistique au Centre Abel Lauvray de Mantes-la-Jolie, elle a pu faire des recherches sur les oiseaux en film plastiques récupérés qui ont été installés à la Maison de l'université de Mont-Saint-Aignan. Pendant l'été 2024, Déchets sauvage s'est installé dans le Sémaphore de l'AberWrac'h en Bretagne, l’occasion d'ajouter des méduses en film d'emballage face à la mer. Ces expositions reprennent des éléments antérieurs tout en ajoutant des espèces spécialement créées pour chaque occasion, dans une démarche écologique de sobriété énergétique.
L'exposition à la Maison des Arts de Châtillon lui permettent d'avoir un regard rétrospectif sur ce travail qu’elle continue d'explorer.
Texte de Louise Simon 2025
Instagram : @angele.riguidel