Carlos Cruz-Diez et Agueda Lozano
Volume réel - Couleur virtuelle
Exposition
20.01 – 12.03.2006
La rencontre dans un même espace, de deux œuvres en principe antagoniques, est une expérience voulue sur la réalité, entreprise par Agueda Lozano et Carlos Cruz-Diez. À chaque instant dans la vie, nous subissons l'incidence de multiples et successives situations perceptives qui se superposent dans notre esprit. Nous arrivons à faire une lecture sélective et une qualification des objets, malgré son entourage parfois incohérent.
Nous proposons d’établir une relation de lecture volumétrique dans un espace destiné à l'immatériel. L'incidence de la lumière colorée sur la volumétrie des sculptures et son inclusion dans ces espaces, peuvent donner des résultats imprévus, et créer d'autres notions de lecture, tant des sculptures, que des environnements.
Dans l'art, des discours différents peuvent vivre ensemble. La condition c'est la qualité de la proposition et son apport d'ouverture à l'esprit.
Carlos Cruz-Diez
Carlos Cruz-Diez
Environnement Chromointerférent :
Dématérialisation et mouvement ambigu à travers la couleur.
En projetant en mouvement des modules d’interférence chromatique sur des personnes et objets, ceux-ci deviennent transparents et changent virtuellement de forme et de condition. Nous devenons acteurs et auteurs d’un événement chromatique complexe qui évolue dans l’espace.
Expérience Chromatique Aléatoire Interactive :
Le recours aux objets manipulables, à l’aléatoire, à l’éphémère, aux « situations » en constante mutation que j’utilise dans mes œuvres, m’ont conduit à créer des circonstances capables de mettre en évidence différents résultats, parfois inédits, du monde chromatique.
Le changement du support manipulable au support numérique me permet d’obtenir d’autres possibilités de communication. De plus, dans l’œuvre conçue pour l’ordinateur, les gens entrent dans l’esprit et intimité de ma recherche, comme le ferait un interprète avec une partition musicale.
L’œuvre sculpturale d’Agueda Lozano
Il y a une force par laquelle tout être vivant aspire à continuer de vivre. De cette force, de ce désir de vivre, naît son aspiration à croître avec la grandeur du monde qu’il regarde, qu’il entend, qu’il palpe, qu’il veut s’approprier. Parce que nous nous étendons par le monde à travers nos sens : avec eux nous sentons la distance et la proximité, le corps que nous caressons et les constellations que nous distinguons dans la voûte céleste. Mais nous aspirons aussi à nous étendre à travers la mémoire, les idées, l’intelligence, l’émotion ; à travers ces dimensions profondes nous nous retournons vers le passé ou vers le futur, qui nous déconcertent et nous attirent ; vers l’amour qui transforme, torture et illumine ; vers l’origine même du monde, de l’univers dans lequel nous nous fondons à partir de la science, de la religion ou de la musique. Cette aspiration de la vie à s’étendre est une aspiration à la liberté. C’est le désir de comprendre, depuis la matérialité du monde et du corps, l’envol vers la liberté de l’espace et du temps, de la mémoire et de l’amour, de la passion et de l’étonnement, de la connaissance et de la révélation. Cet envol porte en lui la plénitude que peut atteindre la vie.
Et cet envol est l’élan essentiel de l’œuvre picturale et sculpturale de Agueda Lozano. Depuis la matérialité de la toile ou de l’acier, l’art de Agueda Lozano entreprend l’envol vers la liberté, vers la plénitude ; ou, mieux encore : il aspire à se maintenir dans l’instant même où commence cet envol. Grâce à des échelles chromatiques qui glissent comme dans un envol qui creuse lui-même son propre espace, les silhouettes, les figures, les abstractions, les lignes, apparaissent comme surprises par leur propre matérialité. Mais il est surprenant qu’à partir de la matérialité même, l’œuvre aspire à rester dans un envol perpétuel.
Carlos Montemayor